La Maibock : l’autre bière de printemps.

 

A Forbach comme ailleurs, le printemps s’est installé. A la brasserie Galibot, nous l’avons vu arriver d’un bon œil, car dans le passionnant monde de la bière, le printemps est aussi une période d’éveil, voire d’ébullition (sans mauvais jeu de mot). 

Et pour cause, cette saison coïncide avec l’arrivée de nombreux styles éphémères sur les étals des cavistes et dans les fûts des bars et restaurants. La légende dit qu’en Belgique, des bières fermières (sans notion de style ni de goût véritablement établi) étaient brassées l’hiver en anticipation des travaux dans les champs. C’est ce que l’on nomme aujourd’hui les « Saisons ». A deux pas du plat pays, en France donc, la bière de mars ou bière de printemps suit la même logique. Lors du millénaire précédant, tous ces styles sont brassés l’hiver durant, faute de système de refroidissement efficace en été. On a donc coutume de célébrer l’arrivée des bières nouvelles durant le printemps. Cette tradition est également ancrée outre Rhin avec un tas de styles : le plus évocateur étant les... Märzenbier (littéralement les bières de mars). Ces dernières n’étaient brassées que durant l’automne et l’hiver, la levure de fermentation basse utilisée pour ce style ne tolérant uniquement des températures de fermentation en deca de 10°C.

Maibock, bière de mai !

Si ce n’est pas tout à fait la même histoire, force est de constater qu’il existe de très nombreuses similitudes entre tous ces styles (notez que la notion de style est très récente, les brasseurs se souciant durant les siècles précédents bien peu des nomenclatures contemporaines). 

Un autre type de bière, beaucoup plus confidentiel en France celui-ci, est beaucoup plus récent. Il s’agit des Maibock, également appelées Helles Bock (Helles signifiant clair / lumineux dans la langue de Goethe). Tout comme la bière de printemps, la Märzen ou la Saison, ce style évoque une temporalité. 

Même principe que les Märzen bavaroises, mais cette fois du côté de la Basse-Saxe, les Maibock sont destinées aux beaux-jours, sont désaltérantes et surtout de fermentation basse. Une robe dorée qui tranche avec les habituelles bocks plus sombres. Des notes moins riches / rondes en bouche, ce style étant plus désaltérant grâce à un houblonnage plus intense. La Maibock, qui utilise comme technique la décoction prolongée, se distingue donc par un côté plus sec et plus désaltérant que le reste de la famille des bocks. Cependant, il s’agit de bières tout de même moins limpides et aqueuses que peuvent l’être les Pils ou les Helles. Les houblons et malts conférant davantage de notes portées sur les fruits jaunes comme la pêche, la mirabelle ou l’abricot. 

Des notes de caramel et d’abricot 

La brasserie Galibot, fidèle promoteur des styles de fermentation basse en France, a complété sa gamme en 2021 par une Maibock : idéale pour les débuts de printemps. Son petit nom ? L’aestas. Dans le verre, après service, s’affirme un généreux col de mousse blanc cassé et de très fines bulles qui s’étirent à merveille du fond à la surface. Au nez, de légères notes caramélisées supplantent les flaveurs d’abricot frais. C’est frais et floral bien que contrebalancé par une belle sucrosité. En première bouche, la carbonatation est généreuse est laisse place aux notes de brugnon. Le final est porté sur de fines saveurs d’abricot sec. Le tout titre à 6,5%. 

En bref, une jolie bière à déguster en soirée lors d’apéritifs printaniers. Une façon idéale de se détacher en douceur des styles plus charnus plébiscités durant l’hiver et d’ouvrir les bras aux notes plus douces et délicates de bières rafraichissantes. 

 
alexandre wirig